Dans ses excès de colère et de débordement, elle a été démonstrative des bois flottés, arrachés aux rives de son habitat. De son flux naturel, le bois s’acheminait, au gré des courants, de l’amont vers l’aval, de la montagne vers la mer. Il suffisait de le suivre ou de le chevaucher, lié ou pas. L’idée était là, il n’y avait qu’à imiter, copier en s’aidant des matériaux trouvés sur place, fournis par une ripisylve généreuse. 

L’ingéniosité de l’homme a su améliorer un état naturel à un savoir faire empirique qui a traversé les millénaires. Tous les continents, à un moment ou à un autre de leur histoire, ont eu recours à cette solution sommaire de transport. Tous les types de sociétés l’ ont exploitée sans retenue, pour leur développement, la construction des habitats, se nourrir ou se chauffer. 

Le bois étant, pour de longs siècles, le pétrole d’aujourd’hui, sans lequel la croissance était compromise. La civilisation du bois était en marche. 

Aujourd’hui, cette activité, née de la plus haute antiquité, a disparu de nos pays modernes mais pas de la planète. Certains pays souffrant d’un déficit d’infrastructures pratiquent toujours le flottage. Tantôt utilisé comme moyen de transport ou de franchissement, il subsiste encore dans la discrétion d’un monde souvent ignoré. 

De notre époque contemporaine, il est méconnu et oublié, bien que quelques chercheurs commencent à s’intéresser au sujet.